Temps de lecture : 4" Alors que 2020 tire enfin à sa fin, il va sans dire que cette année aura profondément bouleversé nos habitudes personnelles et professionnelles. Comment refaire sens ensem...
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Depuis des mois, nous alternons entre phases soudaines de télétravail, retour en présentiel puis alternance entre les deux modes d’exercice. Pour ceux qui travaillaient exclusivement dans les bureaux, la transition a parfois été rude. Pour d’autres qui autorisaient déjà leurs employés à travailler en télétravail quelques jours par semaine, cela a sans doute facilité les choses. Pour tous, cela aura eu un impact sur la culture d’entreprise, cet ensemble de valeurs et d’actions qui font de travailleurs individuels un collectif.
Ainsi, selon une enquête menée auprès de 200 start-ups israéliennes, « 79% des entreprises interrogées ont déclaré que la culture d’entreprise – définie comme le travail d’équipe, l’innovation et la loyauté envers l’entreprise – était fortement ou partiellement affectée. » (Times of Israël).
Cette crainte est partagée par les avocats français : pour Bruno Paccioni, managing partner du bureau parisien de Fieldfisher : « quelqu’un qui serait en télétravail plus de deux jours par semaine pourrait voir le lien avec le cabinet et ses membres se distendre » ; « On ne peut pas exercer durablement pendant des jours et des jours en télétravail, sous peine d’une perte du lien social. » Frédéric Broud, co-managing partner du cabinet Racine (Extraits d’un article de LJA de mars 2020).
Si la pandémie a prouvé qu’il était possible de travailler efficacement et que cela pouvait avoir des avantages certains concernant l’équilibre de vie, elle a aussi révélé l’importance des relations professionnelles informelles.
Les professionnels des services, qu’ils soient avocats, notaires, experts-comptables ou huissiers, s’ils peuvent très bien travailler seuls ont besoin de leurs pairs pour trouver des solutions innovantes à des problèmes complexes. Or cette innovation ne se décrète pas mais se forme via des rencontres impromptues autour de la machine à café, de discussions autour d’un verre tard le soir ou le midi, lors de séances de braimstorming… Il est beaucoup plus simple d’aller voir un collègue au bout du couloir que de l’appeler chez lui alors qu’on ne sait pas s’il est occupé ou non.
Par ailleurs, les impacts du télétravail sont différents en fonction du niveau hiérarchique de chacun. Selon Patrick Krill, avocat américain spécialisé dans la santé mentale de ses confrères,
« pour les avocats, le contact interpersonnel est crucial au développement professionnel, encore plus que dans d’autres secteurs d’activité. Si vous n’êtes pas exposés à des interactions, des conversations, vos opportunités professionnelles vont en souffrir. Je ne suis pas certain que les jeunes collaborateurs réalisent à quel point cette situation est nuisible pour leur carrière et développement professionnel ». (Law.com)
Alors que nous sommes tous fatigués des visio et autres zoom apéro, certains cabinets ont trouvé des moyens ingénieux de se retrouver sans être proche : ainsi le cabinet floridien Gunster a mis en place une « retraite virtuelle » avec des cours de cuisine à distance ; des activités de peinture et de dégustation de vins pour lesquelles les produits sont livrés au domicile de chacun. Certaines entreprises comme Axa ou la SNCF ont organisé un escape game virtuel pour permettre à leurs employés de souffler un peu .
Pourquoi ne pas imaginer un secret santa à distance où vous enverriez des cadeaux à des collègues tirés au sort et chacun les ouvrirait en même temps juste avant Noël ?
Selon une étude du MIT, les compagnies américaines qui ont vu leurs score « culture d’entreprise » augmenter le plus sur le site d’évaluation Glassdooor sont celles où les dirigeants ont su communiquer clairement et de manière transparente et ont prodigué une attention particulière à l’équilibre de vie et au bien-être phyique et mental de leurs salariés.
Par ailleurs, beaucoup d’entreprises définissent des « valeurs » théoriques comme socle de leur culture d’entreprise sans que cela se retrouve en pratique. Quelle crédibilité pour une structure qui définit « l’autonomie » comme une de ses valeurs sans permettre à ses collaborateurs d’être en télétravail ?
Si cela n’a pas été fait lors du premier confinement, il est donc crucial de revoir votre politique télétravail dès à présent en se basant sur le retour d’expérience et les désirs de vos collaborateurs.
Le cabinet d’avocats Linklaters a ainsi annoncé en août dernier sa nouvelle politique globale qui a vocation à s’appliquer une fois que seront levées les restrictions relatives au Covid. Tous les employés pourront ainsi choisir de travailler à distance entre 20 et 50% de leur temps et chaque bureau est encouragé à permettre une plus grande flexibilité au niveau des horaires. Les cabinets Taylor Wessing, Squire Patton Boggs ont également annoncé une politique similaire.
John Morgan, fondateur du cabinet d’avocats Morgan & Morgan, estime quant à lui qu’il est possible que 30% des 600 avocats de sa firme ne retourneront pas dans les locaux : « Je me soucie de la culture d’entreprise mais est-ce que cela importe vraiment ? Je pensais vraiment qu’être heureux au travail et au bureau était ce qui retenait les employés mais peut-être que je me trompais et qu’ils sont très heureux de travailler depuis chez eux ». Le fait que ce cabinet collecte des données sur le nombre d’emails de réponses envoyés et le temps passé sur l’ordinateur puis effectue un classement de productivité quotidien par avocat donne toutefois le sentiment d’une culture d’entreprise focalisée sur la productivité et la surveillance, qui si elle se reproduit en présentiel peut expliquer la réticence de certains à revenir dans les bureaux.
Selon une enquête menée en octobre par le cabinet de recrutement Robert Walters auprès de 100 avocats, une majorité souhaite pouvoir télétravailler au moins une fois par semaine. Ce critère sera sans doute crucial au moment de choisir leur future structure d’exercice : « Les candidats nous posent régulièrement la question du télétravail en entretien. Le fait de le pratiquer renvoie une image innovante et attractive du cabinet. Cela renforce le lien de confiance entre les collaborateurs, responsabilisés, et leurs associés » (Karine Clolus-Dupont, associée du cabinet EBL Lexington Avocats , LJA).
Si la culture du présentéisme est très fortement ancrée en France, il faudra pourtant essayer de remettre en question ces pratiques si vous voulez retenir et attirer les talents. Ne pas être présent 100% du temps au bureau ne veut pas dire que l’on ne travaille pas. Cela ne veut pas dire que l’on se détache de la structure. Forcer les employés à se conformer à un modèle qui ne leur convient pas alors qu’ils ont découvert un autre mode de faire les repoussera de manière bien plus certaine.
Covid-19 reinvents law firm offices as hubs for teamwork and socialising, FT, 2020
Without an office, can a law firm keep its culture ?, Law.com, 2020
Keeping Company Culture Strong During The Next Post-Covid-19 Phase, Forbes, 2020
Don’t let the pandemic sink your company culture, Harvard Business Review, 2020
Temps de lecture : 4" Alors que 2020 tire enfin à sa fin, il va sans dire que cette année aura profondément bouleversé nos habitudes personnelles et professionnelles. Comment refaire sens ensem...
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