Pour quelles raisons avez-vous décidé de définir une raison d’être ? Yves Claisse : Au départ, comme toujours avec les juristes, il y a un texte. Le nouvel art. 1833 du code civil, is...
Y. Claisse et L. Cano
Yves Claisse : Au départ, comme toujours avec les juristes, il y a un texte. Le nouvel art. 1833 du code civil, issu de la loi Pacte, invite les entreprises à prendre en compte les enjeux « sociaux et environnementaux » de leurs activités. Nous ne pouvions l’ignorer car nous avons l’ambition d’exercer de façon entrepreneuriale les métiers de l’avocature en nous éloignant de la vision trop patrimoniale du cabinet d’avocats. La raison d’être est un des éléments concrets de notre identité entrepreneuriale. Et puis, elle nous permet d’afficher une ambition collective. Elle nous oblige à penser le temps long, à préparer, pour les jeunes générations « l’après-nous ».
Yves Claisse : Il nous a fallu un peu moins d’un an en inventoriant ce que nous faisions déjà, en collectant les réflexions individuelles de tous les associés et en confrontant leur perception de l’entreprise avec les attentes de nos clients, celles de nos collaborateurs. Après il a fallu trouver les mots et se regrouper autour d’une formule qui convienne à tous les associés avec un double souci : dire ce que nous sommes et affirmer ce que nous voulons être dans les années à venir. C’est le jour des 20 ans de notre entreprise que les associés ont modifié l’article 2 des statuts de notre SELARL qui est aujourd’hui (et pour longtemps) « Une entreprise d’intelligences juridiques, innovante, humaine et citoyenne qui répond aux évolutions rapides des besoins de ses clients en se préoccupant de l’impact sociétal et environnemental de son développement ». Enfin, parce qu’il faut passer très vite des mots aux actes, nous avons décidé de recruter en interne une
Directrice RSE et croissance durable.
Yves Claisse : Une opposition non, plutôt un attentisme prudent.
A la réflexion, le plus difficile a sans doute été de surmonter l’idée que par sa mission, son engagement et son travail quotidien, l’avocat défend une certaine idée de la Société, participe, par nature, au bien commun et que notre déontologie suffit à garantir la qualité de la vie au sein de nos cabinets. Croire cela c’est dire que les auxiliaires de justice que nous sommes n’ont pas besoin d’afficher une raison d’être au-delà de ce qu’ils font. Profonde erreur : cette « évidence » a pour seul mérite sa simplicité et la naïveté qu’elle exprime.
Il nous a fallu davantage structurer nos choix, faire œuvre de pédagogie et trouver les moyens de convaincre en interne. Les collaborateurs, qu’ils soient avocats ou non, aiment savoir, comprendre ce qui se passe, au-delà des mots, surtout si leurs missions sont affectées par la transformation. Il est donc indispensable de les impliquer pour emporter l’adhésion.
Laëtitia Cano : Nous n’avons pas informé d’une manière systématique nos clients sur l’adoption de notre raison d’être. Une communication par le biais d’un mailing aurait été impersonnelle. Nous avons privilégié l’envoi personnalisé à nos clients des articles parus dans la presse et communiquer sur nos réseaux sociaux.
Laëtitia Cano : Ce n’était pas notre but premier mais au fur et à mesure de nos dernières candidatures, nous nous sommes aperçus que les pouvoirs adjudicateurs devenaient sensibles à la politique RSE de leurs partenaires, au point que cela devient pour certains un critère de sélection au stade de
l’appréciation de la valeur technique du candidat. Nous avons pu mesurer l’influence de ce nouveau critère dans certaines attributions acquises depuis l’été 2020. Notre politique RSE devient un avantage concurrentiel. Les clients y sont de plus en plus sensibles car eux aussi ont la même démarche.
Yves Claisse : Les candidatures que nous recevons et les entretiens que nous avons pu mener ces dernières semaines confirment que les jeunes diplômés s’inscrivent dans cette démarche. Ils sont sensibles aux actions concrètement menées par leur futur employeur, à cette volonté de s’engager et de participer à une société plus respectueuse de ses forces de travail, plus éthique, plus sociale et plus respectueuses des enjeux environnementaux. Les jeunes générations sont toujours soucieuses de savoir ce qu’elles vont faire. Mais plus qu’avant elles veulent savoir où, avec qui et pourquoi elles vont travailler.
Laëtitia Cano : Depuis plusieurs années, la RSE ne se pose plus comme un choix mais comme une nécessité pour un grand nombre d’entreprises. Avoir une raison d’être dans nos statuts nous a poussés à donner une cohérence à ce que nous faisions déjà par des actions isolées les unes des
autres, guidées par des principes de vie, de valeurs, et de bon sens. Il fallait aller encore plus loin. Quand on définit le sens et la raison d’être de nos actions, il est plus facile d’aller plus vite et plus loin.
Laëtitia Cano : Concernant la politique de recrutement, notre implication en faveur de la parité se traduit notamment dans la composition du collège de directeurs et de directrices, voie royale vers l’association pour les avocat(e)s. L’évolution est donc en marche et transformera à terme de façon
structurelle la composition du collège des associés. Les hommes y sont aujourd’hui « surreprésentés ». Mais 60% des directeurs sont des femmes.
Signataire dès sa publication en mars 2019 du Manifeste pour l’égalité du barreau de Paris, Claisse & Associés a fait de l’égalité homme/femme et de la parité une ambition dans toute sa politique salariale, tant pour les avocat(e)s que pour les salarié(e)s.
En matière de diversité, il est délicat par principe de classer nos collaborateurs en fonction de leurs origines. Cela n’aurait pas de sens de s’intéresser aux différences plus qu’à la performance. Mais les choses n’évolueront pas naturellement dans ce domaine. Il faut faire preuve de volontarisme. Il y a donc plus de 10 ans maintenant, nous avons signé la Charte de la diversité. La création il y a quatre ans d’une filiale à Saint-Ouen puis le développement d’une structure inter-barreaux à Paris et en banlieue (Paris, Versailles, Bobigny) est une autre forme d’engagement pour lutter contre les discriminations géographiques, sociales, d’origine ou culturelles.
Laëtitia Cano : Là encore mieux vaut des exemples que des discours.
Pour meubler nos sites, nous privilégions par exemple le mobilier d’occasion ou issu du recyclage. En matière de recyclage, les Joyeux Recycleurs collectent nos déchets de bureaux directement au sein
de nos locaux. Nous avons ainsi recyclé depuis décembre 2019, 506 kg de déchets et réduit de 80% nos impressions grâce à la dématérialisation de nos procédures internes et de nos échanges eux-mêmes dématérialisés avec les juridictions.
Pour lutter contre la pollution numérique, nous avons mis un terme aux listes de diffusion (300 listes de diffusion en 2019) qui polluent les boîtes mails avec « des répondre à tous » inutiles, limité les « copie à » et installé sur les ordinateurs le moteur de recherche ECOSIA qui reverse une partie de ses revenus pour un projet de reforestation.
En matière de solidarité, début mai 2020, en partenariat avec la société AIGLE, nous avons permis aux aides-soignants d’ADEF RESIDENCES, une association qui héberge et accompagne des personnes vulnérables, de bénéficier de sabots et de combinaisons.
Une interview d’Yves Claisse et de Laëtitia Cano.
Pour quelles raisons avez-vous décidé de définir une raison d’être ? Yves Claisse : Au départ, comme toujours avec les juristes, il y a un texte. Le nouvel art. 1833 du code civil, is...
Pour quelles raisons avez-vous décidé de définir une raison d’être ? Yves Claisse : Au départ, comme toujours avec les juristes, il y a un texte. Le nouvel art. 1833 du code civil, is...
Pour quelles raisons avez-vous décidé de définir une raison d’être ? Yves Claisse : Au départ, comme toujours avec les juristes, il y a un texte. Le nouvel art. 1833 du code civil, is...