Temps de lecture : 3'' Tous les juristes ont au moins une fois rêvé d’un outil idéal de traduction : précis, efficace et instantané. Mais cet "idéal" reste difficile à atteindre, même à l’...
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Pour bien comprendre les difficultés de la traduction juridique, il faut d’abord se pencher sur la distinction entre la langue générale et la langue spécialisée. La première concerne la langue de tous les jours, la langue vernaculaire, tandis que l’autre se concentre sur les « langages de spécialité », autrement dit le jargon technique propre à telle ou telle discipline.
Cette frontière est fondamentale pour aborder les difficultés de la traduction. Dans la langue générale, le défi du traducteur consiste à prendre en compte le dynamisme de la langue « vivante » pour chercher un juste équivalent faisant passer la même idée. Le cas des expressions idiomatiques illustre bien ce travail d’analogie « culturelle » à faire pour passer d’une langue à l’autre. « Il pleut des cordes » devient « it’s raining cats and dogs » : un sens identique pour une syntaxe complètement différente.
En langue spécialisée, le problème est inverse : le traducteur n’a pas à chercher à tâtons un équivalent, mais doit trouver l’exact et unique équivalent qui existe. En règle générale, les termes techniques ont une sémantique universelle, qui permet cette équivalence parfaite entre les langues. Le revers de la médaille, c’est que la traduction » spécialisée » n’autorise aucune approximation : il faut trouver le terme exact, sans quoi l’information technique perd son sens.
Quid du langage juridique alors ? Disons que ce type de langage s’inscrit à la frontière des deux. A l’instar des traductions du langage courant, le langage juridique oblige à une certaine souplesse dans sa traduction, due à des lexiques » culturels » distincts entre les systèmes juridiques. Néanmoins, le traducteur est contraint à la précision dans les termes traduits, pour pouvoir tenir le fil du raisonnement juridique, exactement comme la traduction technique.
A l’image d’un étudiant, l’IA utilisée pour les traductions automatiques s’appuie sur l’apprentissage. Fondé sur un système de deep learning (apprentissage profond), ce type d’IA est particulièrement utile pour prendre en considération les décalages culturels. A force d’exemples, d’essais, d’erreurs et de rectifications, le système affine ses capacités de traduction et d’analogies possibles en cas de formulation ambiguë. Tout comme les traducteurs humains, ces systèmes sont d’abord entraînés sur la langue générale avant d’envisager des spécialisations.
Prenons l’exemple de la traduction de documents juridiques : « Seul l’entraînement de l’IA sur des données couvrant différents domaines juridiques permet d’acquérir la précision nécessaire à ce domaine très exigeant », souligne Jean Senellart, CEO chez SYSTRAN, éditeur français de solutions de traduction automatique. « L’important est, en effet, de fournir aux professionnels l’analogie linguistique la plus juste pour respecter le raisonnement juridique traduit. Mais, la plupart du temps, les entreprises ne disposent pas des données nécessaires pour « nourrir » la machine : c’est là que nous nous devons d’apporter une solution clé en main qui offre des modèles IA personnalisés à chaque domaine métier ».
Les vrais défis de la traduction juridique sont aussi liés à la responsabilité et à la confidentialité. Le langage juridique ne sert pas seulement à transmettre un message ou à exprimer une idée : il consacre, dans la réalité, des obligations ou des responsabilités, et chaque terme employé peut avoir des répercussions directes pour l’entreprise, le particulier, etc.
A l’instar des langages scientifiques, sa marge d’erreur est donc très faible, car le bon ou le mauvais choix des termes peut engager la responsabilité de l’acteur juridique. Un contrat mal traduit, une ambiguïté dans un acte authentique et c’est la responsabilité (et la réputation) de l’avocat, du notaire ou du directeur juridique qui est engagée. Aussi, la traduction automatique qui est un outil sous la responsabilité de l’utilisateur final doit avant tout éviter les approximations voire les contresens.
Un autre problème, et non des moindres, est celui de la confidentialité. Passer par un traducteur automatique implique souvent de partager ses données en ligne. Quand il s’agit de traduire le mail de sa cousine américaine, aucune question ne se pose. A l’inverse, saisissez sur un traducteur « généraliste/grand public » (comprenez : un traducteur qui analysera vos données car c’est son business model) votre contrat avec une multinationale cotée en bourse et vous réfléchirez à deux fois avant d’appuyer sur entrée.
Et le client, qu’attend-il ? Pour Tehani Somoguy, du cabinet Alerion avocats, « la solution qui me convient, c’est un outil qui traduise rapidement tout type de documents même les PDF, dans toutes les langues des clients et me donne une base de travail la plus fidèle possible. Et surtout, qui n’exploite pas d’une manière ou d’une autre les données que j’aurais traduites ».
Pour résumer, traduire le langage juridique implique d’être souple dans sa compréhension, précis dans sa traduction, sûr dans son utilisation et sécurisé dans sa saisie. Tout un programme.
Et pourtant, pouvoir traduire rapidement et efficacement ses documents juridiques devient un réel atout dans une économie où l’extranéité devient le quotidien des affaires. Preuve de ce besoin, le marché de la traduction professionnelle (secteur juridique inclus) serait aujourd’hui estimé à près de 45 milliards d’euros (2020).
Ce dynamisme a permis aux professionnels de la traduction de développer de nouveaux outils de traduction, intégrant les contraintes précitées.
Pour revenir sur le marché juridique, se doter du bon outil de traduction a plusieurs bénéfices. Le premier est celui d’optimiser ses process internes, grâce à des outils natifs, intégrés à l’environnement de travail des professions juridiques. A l’heure où la réussite se joue sur la réactivité, l’intégration de ces nouvelles solutions offre une longueur d’avance en matière d’optimisation du temps, notamment face à des concurrents moins bien équipés et, fatalement, moins réactifs.
Second atout : la réduction des coûts. En générant une première version, certes imparfaite, mais déjà cohérente, le bon outil de traduction automatique vous permet de limiter l’intervention d’un traducteur interne ou, de surcroît, externe, qui se concentrera sur une révision rapide et efficace à moindre coût.
Mais l’adoption d’outil de traduction automatique a une ultime finalité : l’avenir. A l’instar des autres solutions de transformation digitale, l’équipement en outils de traduction ne peut qu’augmenter dans les mois et années à venir. Ce qui constitue aujourd’hui un facteur de performance sera demain fondamental pour toute entreprise voulant tenir le rythme des affaires.
Pour mieux comprendre les besoins en traduction des professions juridiques, nous vous proposons un (promis, vous y consacrerez moins de 10 minutes).
Les réponses sont bien entendu anonymes et vous pourrez avoir accès aux résultats de cette enquête.